27 juin – suite*
Je ne sais pas comment m’y prendre pour avoir une vie bien remplie. Ça me frustre tellement. J’aimerais que tout le monde sache à quel point ce manque de stimulation me peine. Avoir la reconnaissance de ma faiblesse. J’ai tant besoin d’une vie. Je m’ennuie à mourir. Je passe mon temps à attendre. Attendre une notification. Attendre un message. Attendre le temps. Attendre les vacances d’été. Attendre une invitation. Attendre une réponse. Attendre une proposition. Sentir l’odeur de la cigarette me donne envie. Envie de sortir. Envie de passer le temps. Qu’est-ce que je fais mal pour n’avoir rien à faire ? Je me suis levée à 6h par ennui. Il est 23h passées et je ne trouve toujours pas le sommeil. Peut-être devrais-je aller courir. Non je manque trop de détermination. Je me saoule d’être pleine d’ambitions et de projets mais aucune force ni détermination. Si personne d’autre que moi n’est impliqué et que je n’ai aucun impératif extérieur, je n’arrive à rien faire de productif et je me laisse aller à l’ennui et à la passivité. J’ai tellement hâte de travailler. J’ai envoyé des messages aux copains pour organiser ma vie sociale pour les jours à venir. Je ne sais pas quel est le prochain événement que j’attends mais je dois faire en sorte de ne pas attendre après un événement. Je dois faire en sorte que ma vie soit remplie à tel point que je n’ai pas le temps d’attendre d’avoir hâte, que tout se passe de manière fluide et continue. Demain, j’irai me promener dans Paris. Besoin de voir la ville. Besoin de prendre les transports. De mener une vie normale. J’irai marcher. En rentrant, le soir j’espère, j’irai prendre des photos de Joinville la nuit.
Je passe mon temps à attendre. Attendre une notification. Attendre un message. Attendre le temps.
2 juillet
J’ai qu’une obsession depuis que je suis au chômage c’est que le temps passe vite en attendant la reprise. Je dois vivre pour moi et pas dans l’attente qu’il m’arrive quelque chose (le travail). Même si l’objet de mon attente est sain, ça ne me permet pas de développer des schémas en conséquence qui eux sont sains. Car par exemple, les soirées et toutes les mauvaises choses qu’elles impliquent, sont un moyen pour moi de faire passer le temps plus vite. Sauf que là actuellement j’aimerais bien avoir la force de faire autre chose que dormir. J’aimerais pouvoir me rendre à la bibliothèque et travailler, faire le ménage chez moi, aller faire des courses, faire mes projets. Mais par exemple ce soir en rentrant chez moi je vais de nouveau prendre un anxio parce-que j’ai peur de ma nuit de sommeil si je le fais pas. Sur le court terme je suis dans l’attente d’une source d’argent, d’une soirée, d’une proposition de sortie. Comment faire pour ne pas vivre dans l’attente ? Je sais qu’avant mon attente était portée sur la dépendance affective, là elle s’est déplacée vers d’autres objets plus ou moins sains. Je devrais plus me focus sur mes projets, les placer au coeur de mes occupations et faire du reste un plus et non un objectif. Le problème est que je manque d’autodiscipline. Peut-être devrais-je m’entourer de gens qui en ont et que par leur présence je peux être productive. C’est comme l’engagement tract NFP, j’ai fait les démarches pour être dans le groupe et participer aux actions, j’ai le temps de le faire mais je ne le fais pas. Un peu d’anxiété sociale. Le xan ne fait plus effet et je ressens de nouveau le stress. Stress car je viens de faire des transactions économiques et car je viens d’interagir.
9 juillet
Aujourd’hui j’ai dormi (mal, bizarrement) car je n’avais rien d’autre à faire. Je me sentais fatiguée mais pas le genre de fatigue qui nécessite de dormir car j’ai dormi dans un état de conscience bizarre. Je pense que c’était la fin de l’effet de l’anxio de la veille. Je dormais et je me suis réveillée car je culpabilisais de dormir. Je devais aller à la Canopée, j’aurais du y aller. J’ai toujours des trucs à faire mais mon manque d’autodiscipline me pousse toujours à privilégier la moindre petite raison pour rester chez moi, dans ma « zone de confort », l’endroit où je n’ai pas besoin d’être active, c’est toujours la plus futile des raisons que je vais choisir pour rester dans la facilité. Par exemple, je devais aller à la Canopée et donc me laver les cheveux et je me suis permise de ne pas y aller sous prétexte que plus j’attends pour me laver les cheveux mieux c’est. Et je me suis juste laisser porter par ma flemme et la simplicité de ne rien faire. Mais je me sens un peu anesthésiée par le stress ou la culpabilité habituellement liée au fait de rien faire. Je me sens pas vide non plus. Sûrement encore l’effet de l’anxio.
[…] dans ma « zone de confort », l’endroit où je n’ai pas besoin d’être active, c’est toujours la plus futile des raisons que je vais choisir pour rester dans la facilité.
10 juillet
Par contre, je dois réellement rythmer plus que ça mon quotidien et me pousser à produire quelque chose. Il me faut un projet sur lequel je dois être obsédée. Je sens que c’est vital pour mon ego et mon insécurité. Je ne suis pas convaincue par le projet fanzine solitude enfin si mais il me manque quelque chose pour en faire un projet. Mais j’aimerais avoir quelque chose qui m’obsède sur laquelle je suis pressée de travailler. Mon fanzine sur le squat a été largement pulsé par mon crush à l’époque pour PH. Même si ça semble problématique d’être plus motivée quand il y a un enjeu affectif, ça conforte mon idéal de relation car au final c’est l’affect qui m’a poussé à aboutir à ça. Le projet du compte Instagrama de mes archives magazines a été un peu lâché, il n’a pas été pleinement investi. Tout comme le projet fanzine solitude ne l’est pas. Si je vois Stéphane samedi je lui demanderai enfin proposerai quelque chose pour se motiver à travailler à deux.
Sans surprise, il a fallu que j’aille sur Paris pour me trouver la force de sortir de ma passivité et faire ce que je dois faire. Avec cette stimulation, je me sens moins insécure.
19 juillet
Une fois l’occupation passée, que me reste-t-il ? Mes pensées. L’ennui. Si je n’ai pas d’obligations, je ne suis pas capable de faire quelque chose (quelque chose de productif, sortir). L’auto-détermination qui disparaît en même temps que les obligations. Aujourd’hui j’avais rien à faire l’après-midi, j’ai fait une sieste alors que je n’aurais pas du car ce soir je vais galérer à m’endormir et cette nuit je vais mal dormir. J’ai envie de prendre un anxio pour bien dormir mais ce n’est pas une bonne idée. Je vais assumer de mal dormir comme ça demain soir je n’aurais pas de mal à dormir. Je romantisme mon ennui en fumant (des cigarettes au CBD).
L’auto-détermination qui disparaît en même temps que les obligations.
22 juillet
L’ennui m’isole socialement. Plus je m’ennuie, plus je m’isole. Malgré moi. Je ne sais pas faire autre chose que m’isoler. Mais c’est un isolement subi, par le manque de savoir faire autre chose, par habitude. La passivité est terriblement ancrée en moi.
J’en ai marre d’avoir à combler le vide de l’ennui, de me dire « je vais manger », alors que j’ai pas faim juste pour m’occuper car je n’ai rien à faire. J’aimerais vivre à 100 à l’heure, ne pas avoir à me dire ce genre de choses, ne pas avoir à conscientiser de faire des choses.
La passivité est terriblement ancrée en moi.
Moufette a dit « tu dois pas aimer tes projets, tu peux pas te discipliner si tu mets de l’amour ». J’ai réellement besoin d’avoir des discussions comme ce que j’écris. Le problème c’est que ça me demande du temps à me délivrer et tous mes proches ne sont pas toujours aptes sur le moment à parler de ce genre de choses. J’adore les discussions sur les live Zawa, elles me réconfortent car je les vis par procuration, elles comblent temporairement mes envies.
* je ne retrouve pas le carnet précédant ce passage…
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